DIONYSIAN SONGS

It is sharp and scorching, a brilliant ennui!
I carry a universal happiness inside me.
All from a love of life which tempts us,
Evenings in Alicante, mornings in Aranjuez,
Fevered Carthaginian skies always true,
A path of rose trees in old Portugal anew,
The Isle, where we feel by an open window
Bitter orchids hanging in green vanilla’s glow,
Dazes my eyes and places deep in my heart
Their love, their sighs, a deep strength to impart ….

But the day is broader divine and full drawn,
And I watch summer surge forward, this dawn!
The sun from his heaven scatters his wheat,
The hillsides accumulate facts recorded neat,
An Earth in fervent and joyful bacchus cheer;
A ground pink and brown, an acanthus veneer
Extending the purity of her living new design.
Fragrance flies up making winds wings divine,
The wasp tilts the corollas on her white trek,
Air enlaces her soft streamers round my neck,
The universe abandons a desire for a focus
In her azure arms and this soft tender locus….
Ah! What joy at this moment intoxicates me.
Live! Sing glory of the pleasures of life free.
– And without hearing, the Bacchanalian jail,
Thrills of their sobs, desires wings to unveil,
As that moment shines on our warm walks,
No longer hearing the noisy play of minds talks,
Few men’s pagan hearts rise sufficiently high
Yet splendour of blue streams urge for the sky,
It seems that his bitter and annoying lyre
Has ceased his folly, ceased delusional fire,
In forests of his being it attempts a full span
The hoarse, wild, thick call of the God Pan,

Ah! Let him rise in me, on this unique morn,
This burning scream, happy, appalled, torn,
Stronger than pleasure, stronger than music,
This moment in space remains beyond logic….

David Scanlon – England – (1963 – )

de Noailles. A. (2018) Collected Poems: New Translations: New Translations. The Foolish Poet Press, Wilmslow, France. DIONYSIAN SONGS. Page Number 40.

C’est un brusque, un brûlant, un éclatant émoi!
Je porte l’univers et ses bonheurs en moi.
Tout ce qui dans la vie amoureuse nous tente,
Les soirs d’Aranjuez, les matins d’Alicante,
Carthagène enfiévré d’un ciel toujours égal,
Un chemin de rosiers dans le vieux Portugal,
Les îles, où l’on voit à la fenêtre ouverte
Pendre l’âpre orchidée et la vanille verte,
Étourdissent mes yeux et mettent dans mon coeur
Leur flamme, leurs soupirs, leur force et leur odeur…

Mais le jour est plus large et plus divin encore,
Je regarde, l’été s’élance, c’est l’aurore !
Le soleil dans les cieux éparpille son blé,
Les coteaux semblent faits d’azur amoncelé,
La terre est une ardente et joyeuse bacchante ;
Sur le sol rose et brun, la feuille de l’acanthe
Étend la pureté de son dessin vivant.
Le parfum pour monter prend les ailes du vent,
La guêpe fait pencher le bord blanc des corolles,
L’air enlace à mon cou ses douces banderoles,
L’univers s’abandonne et veut être porté
Par les bras azurés et tendres de l’été…
Ah ! quelle immense joie en cet instant m’enivre.
Vivre ! chanter la gloire et le plaisir de vivre !
– Et puisqu’on n’entend plus, ô mon Bacchus voilé,
Frissonner ton sanglot et ton désir ailé,
Puisqu’au moment luisant des chaudes promenades
On ne voit plus jouer les bruyantes Ménades,
Puisque nul coeur païen ne dit suffisamment
La splendeur des flots bleus pressés au firmament,
Puisqu’il semble que l’âpre et l’énervante lyre
Ait cessé sa folie, ait cessé son délire,
Puisque dans les forêts jamais ne se répand
L’appel rauque, touffu, farouche du dieu Pan,

Ah ! qu’il monte de moi, dans le matin unique,
Ce cri brûlant, joyeux, épouvanté, hardi,
Plus fort que le plaisir, plus fort que la musique,
Et qu’un instant l’espace en demeure étourdi…

Anna de Noailles – France – (1876 – 1933)

de Noailles, A. (1907)  ‘LES ÉBLOUISSEMENTS’  édité par les Bourlapapey, bibliothèque numérique romande. (Page 82).

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